Saint Mamertin (Légende dorée)

 Saint Mamertin


Saint Mamertin et saint Grégoire le Grand


Cette histoire viens de la légende dorée (XIIe siècle), elle est bien plus tardive que la Vita Secunda de Saint Germain d'Auxerre par Constance de Lyon écrite en 480, soit seulement 32 ans après la mort de saint Germain. J’ai donc préféré m’appuyer sur les écrits de Constance de Lyon pour travailler sur l’acathiste et la vie de saint Corcodome. Mais je vous présente quand même cette version qui n'est pas sans attrait spirituel.


Saint Mamertin, qui fut d'abord païen, adorant une fois les idoles, perdit un oeil et une de ses mains se sécha. Il crut avoir offensé les dieux, et alla au temple adorer les idoles, quand il rencontra un religieux nommé Savin qui lui demanda comment une si grande infirmité lui était survenue. Mamertin répondit : « J'ai offensé mes dieux, aussi vais-je les prier de me rendre dans leur bonté ce qu'ils  m’ont ravi dans leur colère. » Savin lui dit : « Tu te trompes, mon frère, tu te trompes, si tu prends des démons pour des dieux. Va plutôt trouver saint Germain, évêque d'Auxerre, et si tu acquiesces à ses conseils, tu seras guéri incontinent. » Mamertin se mit en route aussitôt et arriva au tombeau de saint Amateur, évêque et de plusieurs autres saints évêques. La pluie le força de se retirer la nuit dans une cellule sur la tombe de saint Corcodome. Après s'être endormi, il eut une vision fort extraordinaire. Il vit venir à la porte de la cellule un homme qui appela saint Corcodome et l’invita à une fête que célébraient saint Pèlerin et saint Amateur avec d'autres évêques. Saint Corcodome lui répondit du fond de son tombeau : « Je ne puis y aller maintenant, car j'ai un hôte qu'il me faut garder de peur qu'il ne soit tué par les serpents qui habitent ici. » L'homme s'en alla rapporter la réponse qu'il avait entendue, puis il revint dire : « Saint Corcodome, levez-vous, venez, et amenez avec vous le sous-diacre Jovinien et l’acolyte Jovinien afin qu'ils exercent leur ordre. Alexandre gardera votre hôte. » Et il sembla à Mamertin que saint Corcodome, après lui avoir pris la main, le conduisait avec lui, et que quand il fut arrivé à l’endroit où se trouvaient les évêques, saint Amateur lui dit: « Quel est l’homme qui est entré avec vous ? » « C'est mon hôte », répondit saint Corcodome. Et saint Amateur dit : « Chassez-le car il est impur, et il ne peut être avec nous. » Comme on chassait Mamertin, il se prosterna devant les évêques et réclama la protection de saint Amateur. Celui-ci lui ordonna d'aller aussitôt chez saint Germain. Mamertin, à son réveil, vint trouver saint Germain, se prosterna à ses pieds et lui demanda pardon. Après avoir raconté ce qui lui était arrivé, ils allèrent tous deux au tombeau de saint Corcodome et quand ils eurent écarté la pierre, ils virent plusieurs serpents de plus de dix pieds de long, qui s'échappèrent tous. Alors saint Germain leur commanda d'aller dans tel lieu où ils se gardassent à l’avenir de nuire à personne. Ce fut alors que Mamertin fut baptisé et justifié. Il se fit moine au monastère de saint Germain dont il fut abbé après saint Allodius.

Il y avait alors, dans ce monastère, un saint moine nommé Marin, dont Mamertin voulut éprouver l’obéissance. Il lui confia donc la tâche la plus vile du monastère, qui consistait à paître les bœufs. Et saint Marin, pendant qu’il gardait ses bœufs et ses vaches dans le bois, rayonnait d’une telle sainteté, que tous les oiseaux du bois accouraient à lui pour qu’il les nourrît de sa main. Un sanglier s’étant réfugié dans sa cellule, il le sauva des chiens qui le poursuivaient, et lui permit de s’en aller librement. Un jour, des voleurs le dépouillèrent de ses vêtements, ne lui laissant qu’une petite tunique. Et le voici qui court derrière eux, et qui leur crie : « Revenez, Messieurs, car j’ai encore trouvé ce dernier dans la doublure de ma tunique ! Et peut-être en aurez-vous besoin ! » Aussitôt les voleurs, retournant sur leurs pas, lui enlevèrent la tunique avec le denier et le laissèrent complètement nu. Après quoi ils reprirent le chemin de leur caverne ; mais ils marchèrent toute la nuit, et, à l’aube, ils se retrouvèrent devant la cellule du saint berger. Celui-ci, les ayant salués tendrement, les reçut dans sa cellule, leur lava les pieds, et s’occupa de leur préparer à manger. Ce que voyant, les voleurs, stupéfaits, eurent honte de leur conduite et se convertirent tous à la foi.

Un jour, un jeune moine du monastère de saint Mamertin s’était amusé à tendre un piège à un ours qui attaquait les brebis ; et l’ours, la nuit, s’était laissé prendre. Mais saint Mamertin, ayant deviné la chose du fond de son lit, se leva, alla trouver l’ours, et lui dit : « Que fais-tu là, malheureux ? Va-t’en bien vite pour n’être pas pris ! » Et il le délivra et le laissa partir.

Lorsqu’il mourut, on porta son corps à Auxerre. Mais, comme on passait près d’une prison, le corps devint tout à coup si lourd qu’on ne put le faire avancer, jusqu’au moment où un des prisonniers, dont les chaînes s’étaient rompues miraculeusement, accourut et aida à porter le corps jusqu’à la ville. Saint Mamertin fut enterré en grande pompe dans l’église de Saint-Germain.


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